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N°3 Cecilie Bahnsen : Romantisme spectral

  Chantier abandonné d’une ancienne galerie, vieilles fenêtres à carreaux, vue sur la nature précieuse d’une cour parisienne, rangs intimistes d’invités resserrés, c’est au 35-37 rue des Francs-Bourgeois qu’a lieu le défilé de la créatrice danoise, Cecilie Bahnsen, le 27 septembre 2023.

  Le cadre trace les contours d’un tableau sensible mêlant minimalisme, romantisme, nostalgie et délicatesse, où les vêtements modernes, qui semblent faire quelques sauts dans le passé, apparaissent et disparaissent tels des spectres au gré de leur défilement.

Chantier abandonné d’une ancienne galerie, vieilles fenêtres à carreaux, vue sur la nature précieuse d’une cour parisienne, rangs intimistes d’invités resserrés, c’est au 35-37 rue des Francs-Bourgeois qu’a lieu le défilé de la créatrice danoise, Cecilie Bahnsen, le 27 septembre 2023.

  Le cadre trace les contours d’un tableau sensible mêlant minimalisme, romantisme, nostalgie et délicatesse, où les vêtements modernes, qui semblent faire quelques sauts dans le passé, apparaissent et disparaissent tels des spectres au gré de leur défilement.

  Cecilie précise que cette nouvelle collection est le fruit d’une réflexion sur le regard de la matière subtilement travaillée et de son mouvement.[1] Traînée d’organza balayant le sol brut, nœuds-rubans des siècles d’antan, manches bouffantes et pans latéraux en forme de paniers, héritage des robes de la cour qui soulignaient la taille, les tenues de Cecilie Bahnsen occupent l’espace dans une esthétique de la mouvance, dont même les mèches de cheveux de certains mannequins empruntent le pli.

  Mais plus qu’à l’extravagance des temps rococo, c’est du siècle romantique que la créatrice semble surtout s’inspirer, de cette délicatesse féminine que traduit un style spectral et vaporeux. L’organza, l’une de ses matières fétiches, la translucidité des tissus, viennent transposer dans le vêtement cet état éthérique, idéal féminin du 19e siècle.

   Un bouillonnement d’ornements dynamise l’aspect spectral, en construisant la pleine matérialité du vêtement, qui vient ensuite faire corps sur le corps. C’est à la lumière de tons blancs, noirs, rouges, roses, qu’apparaissent superpositions de jupes et volants, ourlets de falbalas transversaux, fleurs cousues et coton froncé, robes volumineusement structurales, constructions savantes de dos enrubannés (diverses caractéristiques des robes princesse de l’époque d’Alexandra de Danemark et des robes du soir de Worth).

   En font de parfaits exemples le top à basque et ses doubles volants ou la robe noire à la jupe cloche, dont les nœuds lacés viennent féminiser la forme tailleur pour harmoniser le tout. Est également à l’honneur le vichy rose qui, porté par Brigitte Bardot sur la couverture d’un Elle de 1958, fait rimer pointe romantique avec bucolique.

   Néanmoins, fidèle à l’esprit scandinave, le roman-tic a ses limites, pour Cecilie Bahnsen, et doit laisser place à la forme minimale du quotidien. Les baskets et chaussures plates présentes dans tous les looks montrent bien que les besoins pratiques prennent le dessus sur l’ornement. La vision délicate et mélancolique de la femme d’alors est contrebalancée par la recherche de confort de la femme moderne. La styliste se dit être très observatrice et aime prêter attention à la façon dont sont portées, appropriées, ses créations, dans une idée de durabilité.[2] Ses pièces doivent être portables tous les jours, même pour rouler à bicyclette dans Copenhague.

   Cecilie Bahnsen, revêtant ses oeuvres à merveille, un peu décalée, un peu rêveuse, un peu chercheuse, très ingénieuse, propose aujourd’hui, de même que le fit jadis Jeanne Lanvin, face à Chanel ou d’autres de renom, une alternative plus féminine de la mode actuelle parfois trop unisexe ou androgyne, pour de nombreuses femmes, un peu comme elle. Et c’est d’un sublime succès.

  Cecilie précise que cette nouvelle collection est le fruit d’une réflexion sur le regard de la matière subtilement travaillée et de son mouvement.[1] Traînée d’organza balayant le sol brut, nœuds-rubans des siècles d’antan, manches bouffantes et pans latéraux en forme de paniers, héritage des robes de la cour qui soulignaient la taille, les tenues de Cecilie Bahnsen occupent l’espace dans une esthétique de la mouvance, dont même les mèches de cheveux de certains mannequins empruntent le pli.

  Mais plus qu’à l’extravagance des temps rococo, c’est du siècle romantique que la créatrice semble surtout s’inspirer, de cette délicatesse féminine que traduit un style spectral et vaporeux. L’organza, l’une de ses matières fétiches, la translucidité des tissus, viennent transposer dans le vêtement cet état éthérique, idéal féminin du 19e siècle.

   Un bouillonnement d’ornements dynamise l’aspect spectral, en construisant la pleine matérialité du vêtement, qui vient ensuite faire corps sur le corps. C’est à la lumière de tons blancs, noirs, rouges, roses, qu’apparaissent superpositions de jupes et volants, ourlets de falbalas transversaux, fleurs cousues et coton froncé, robes volumineusement structurales, constructions savantes de dos enrubannés (diverses caractéristiques des robes princesse de l’époque d’Alexandra de Danemark et des robes du soir de Worth).

   En font de parfaits exemples le top à basque et ses doubles volants ou la robe noire à la jupe cloche, dont les nœuds lacés viennent féminiser la forme tailleur pour harmoniser le tout. Est également à l’honneur le vichy rose qui, porté par Brigitte Bardot sur la couverture d’un Elle de 1958, fait rimer pointe romantique avec bucolique.

   Néanmoins, fidèle à l’esprit scandinave, le roman-tic a ses limites, pour Cecilie Bahnsen, et doit laisser place à la forme minimale du quotidien. Les baskets et chaussures plates présentes dans tous les looks montrent bien que les besoins pratiques prennent le dessus sur l’ornement. La vision délicate et mélancolique de la femme d’alors est contrebalancée par la recherche de confort de la femme moderne. La styliste se dit être très observatrice et aime prêter attention à la façon dont sont portées, appropriées, ses créations, dans une idée de durabilité.[2] Ses pièces doivent être portables tous les jours, même pour rouler à bicyclette dans Copenhague.

   Cecilie Bahnsen, revêtant ses oeuvres à merveille, un peu décalée, un peu rêveuse, un peu chercheuse, très ingénieuse, propose aujourd’hui, de même que le fit jadis Jeanne Lanvin, face à Chanel ou d’autres de renom, une alternative plus féminine de la mode actuelle parfois trop unisexe ou androgyne, pour de nombreuses femmes, un peu comme elle. Et c’est d’un sublime succès.

[1] Propos recueillis sur la chaîne officielle « Cecilie Bahnsen » de Youtube https://www.youtube.com/watch?v=sofXm-83yg0&ab_channel=CecilieBahnsen 

[2] Voir la vidéo documentaire https://www.youtube.com/watch?v=Blu882xuC18&t=6s&ab_channel=LouisianaChannel

[1] Propos recueillis sur la chaîne officielle « Cecilie Bahnsen » de Youtube https://www.youtube.com/watch?v=sofXm-83yg0&ab_channel=CecilieBahnsen 

[2] Voir la vidéo documentaire https://www.youtube.com/watch?v=Blu882xuC18&t=6s&ab_channel=LouisianaChannel

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