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Viviane Sassen, "PHOSPHOR : Art & Fashion 1990-2023"

  La MEP accueille les œuvres de l’artiste néerlandaise Viviane Sassen du 18 octobre 2023 au 11 février 2024. L’observateur est transporté par le prisme transfiguratif de la photographe, qui sublime tout ce sur quoi elle porte son regard.

  L’exposition, intitulée « PHOSPHOR Art & Fashion », réunit des œuvres de 1990 à 2023 en deux parties distinctes, sur un même niveau d’une aile à l’autre de la MEP.  Au travers de ces accrochages, différents aussi bien par les thématiques abordées que par leurs supports (photographies, collages, peintures, vidéos), transparaît la vision de Sassen, qui adopte une posture d’illuminatrice. Rappelons que « phosphore » descend du grec « phôsphoros », « lumière », et « férô », « porter ». Vient donc la question de la nature de cette lumière qui se répand en une forme diffractée, ainsi qu’empreinte d’art « fashion », elle éclaire la beauté pour l’immortaliser.

La MEP accueille les œuvres de l’artiste néerlandaise Viviane Sassen du 18 octobre 2023 au 11 février 2024. L’observateur est transporté par le prisme transfiguratif de la photographe, qui sublime tout ce sur quoi elle porte son regard.

L’exposition, intitulée « PHOSPHOR Art & Fashion », réunit des œuvres de 1990 à 2023 en deux parties distinctes, sur un même niveau d’une aile à l’autre de la MEP.  Au travers de ces accrochages, différents aussi bien par les thématiques abordées que par leurs supports (photographies, collages, peintures, vidéos), transparaît la vision de Sassen, qui adopte une posture d’illuminatrice. Rappelons que « phosphore » descend du grec « phôsphoros », « lumière », et « férô », « porter ». Vient donc la question de la nature de cette lumière qui se répand en une forme diffractée, ainsi qu’empreinte d’art « fashion », elle éclaire la beauté pour l’immortaliser.

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  Les thématiques, d’une partie à l’autre de l’exposition, sont communes mais déployées, à priori, dans des univers très distincts. On y retrouvera un mélange de diverses séries telles que, d’un côté, les photos liées à l’Afrique dans Flamboya (2004-2008), Parasomnie (2007-2011), Umbra (2014), par exemple, de l’autre, le projet de Vénus et Mercure (2020) autour du château de Versailles.

  Les premières séries, qui symbolisent ses retrouvailles avec le continent africain, occupent la majorité de l’exposition. Elles mêlent nature, onirisme, mort et recueillement dans une forte sensation de contingence et d’accidentel. L’accidentel, ce sont ces ombres qui naissent de la lumière contrastée, et semblent se présenter devant l’objectif au gré des hasards ou des rencontres. Elles créent une zone entre le terrestre et l’au-delà en renforçant l’onirisme des scènes.

  Sassen a cette vive attraction pour les univers étrangers qu’elle aime s’approprier. Ce qui est diffracté, c’est cette représentation de la mémoire sous forme de fragments de sensation, celle que peut provoquer un objet du quotidien qui va attirer l’œil (occidental) par son contraste sur une terre rouge aux reflets inhabituels.

  Elle devient également peintre dans Vénus et Mercure. Ses couleurs pénétrantes se mettent à déborder à la fois de la photographie et des sexes de pierre de l’opulent décor versaillais. Certes, ces fluides érotiques nous font revenir à l’occident, mais à celui de la cour sous Louis XVI, dont il ne reste plus que des phallus fragmentés pour visualiser cette mystérieuse et ancienne sexualité.

Les thématiques, d’une partie à l’autre de l’exposition, sont communes mais déployées, à priori, dans des univers très distincts. On y retrouvera un mélange de diverses séries telles que, d’un côté, les photos liées à l’Afrique dans Flamboya (2004-2008), Parasomnie (2007-2011), Umbra (2014), par exemple, de l’autre, le projet de Vénus et Mercure (2020) autour du château de Versailles.

Les premières séries, qui symbolisent ses retrouvailles avec le continent africain, occupent la majorité de l’exposition. Elles mêlent nature, onirisme, mort et recueillement dans une forte sensation de contingence et d’accidentel. L’accidentel, ce sont ces ombres qui naissent de la lumière contrastée, et semblent se présenter devant l’objectif au gré des hasards ou des rencontres. Elles créent une zone entre le terrestre et l’au-delà en renforçant l’onirisme des scènes.

Sassen a cette vive attraction pour les univers étrangers qu’elle aime s’approprier. Ce qui est diffracté, c’est cette représentation de la mémoire sous forme de fragments de sensation, celle que peut provoquer un objet du quotidien qui va attirer l’œil (occidental) par son contraste sur une terre rouge aux reflets inhabituels.

Elle devient également peintre dans Vénus et Mercure. Ses couleurs pénétrantes se mettent à déborder à la fois de la photographie et des sexes de pierre de l’opulent décor versaillais. Certes, ces fluides érotiques nous font revenir à l’occident, mais à celui de la cour sous Louis XVI, dont il ne reste plus que des phallus fragmentés pour visualiser cette mystérieuse et ancienne sexualité.

  La dimension picturale est également très présente dans la composition de ses images. On y retrouve la relation peintre-modèle, réactualisée dans la photographie de mode sous la forme déformée de l’« image-making », où le photographe devient un fabriquant d’images belles au service de marques de mode et de la publicité. Sassen nous montre cet aspect de son travail, lorsqu’elle immortalise la beauté humaine ou naturelle (au sens propre), dans des cadres pénétrés de couleurs doucement saturées, jamais violentes.

  C’est aussi la mort qui traverse son prisme transfiguratif, lorsque, paradoxalement, l’artiste fige trois cadavres enveloppés de leurs linceuls dorés comme dans du Schiaparelli (« Trois rois », Flamboya, 2005), rendant ainsi à la mort toute sa dimension de recueillement jusqu’au stade de la beauté perturbante.

  À la recherche d’un degré zéro du beau, se révèlent des formes géométriques épurées, un minimalisme qui appelle à l’émotion pure, à travers des réminiscences malévitchiennes que sont ces quadrilatères suspendus dans les airs.

La dimension picturale est également très présente dans la composition de ses images. On y retrouve la relation peintre-modèle, réactualisée dans la photographie de mode sous la forme déformée de l’« image-making », où le photographe devient un fabriquant d’images belles au service de marques de mode et de la publicité. Sassen nous montre cet aspect de son travail, lorsqu’elle immortalise la beauté humaine ou naturelle (au sens propre), dans des cadres pénétrés de couleurs doucement saturées, jamais violentes.

C’est aussi la mort qui traverse son prisme transfiguratif, lorsque, paradoxalement, l’artiste fige trois cadavres enveloppés de leurs linceuls dorés comme dans du Schiaparelli (« Trois rois », Flamboya, 2005), rendant ainsi à la mort toute sa dimension de recueillement jusqu’au stade de la beauté perturbante.

  À la recherche d’un degré zéro du beau, se révèlent des formes géométriques épurées, un minimalisme qui appelle à l’émotion pure, à travers des réminiscences malévitchiennes que sont ces quadrilatères suspendus dans les airs.

  Cette exposition nous transporte donc dans les sphères mémorielles de paysages et dimensions variées à la perception augmentée. Sassen joue intuitivement sur les matières sans réflexion scientifico-plastique refroidissante. Ses fluides picturaux ne font que symboliser l’écoulement fertile de son imaginaire, de sa créativité, qui feront voguer le voyageur jusqu’aux tréfonds de sa propre intériorité.

Cette exposition nous transporte donc dans les sphères mémorielles de paysages et dimensions variées à la perception augmentée. Sassen joue intuitivement sur les matières sans réflexion scientifico-plastique refroidissante. Ses fluides picturaux ne font que symboliser l’écoulement fertile de son imaginaire, de sa créativité, qui feront voguer le voyageur jusqu’aux tréfonds de sa propre intériorité.

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